Le Jour de Freyja : Le Mouchoir de Frieda

Inaugurons donc cette nouvelle série qui, je l’espère, vous apportera inspiration et consolation, enthousiasme et joie, avec Le Mouchoir de Frieda : l’univers artistique de Julien Mindel.

Julien (dont je vous invite à visiter le blog ainsi que la page Fessebouc) dessine et grave, comme il le dit lui-même en présentation. C’est à dire qu’il est illustrateur, mais aussi auteur, mais aussi un tas d’autres choses dicibles et indicibles et que je me refuse à affubler son essence (quinte et subtile) d’un unique attribut (soit dit sans connotation tératérotique _ adjectif grotesquement parfait).
Précisons d’emblée que je ne le désigne pas par son prénom ni ne le tutoie pour faire artiste-branchouille-t’as-vu mais parce que nous avons trinqué plus d’une fois ensemble en la meilleure des compagnies.

La première de ses œuvres que j’aie vue, au gré des partages fessebouquéens, fut sa gravure de Sirin, qui combla immédiatement mon goût pour les traditions folkloriques, slaves, chimériques et picturales et excita ma curiosité. J’allai alors de démons en merveilles et de grivoiseries historiques en yôkai.
Ravissement.
Ravissement thématique certes, toujours croissant à chaque goût ou référence commune que je nous découvre et qui sont légion, mais surtout ravissement esthétique devant un style âprement sensuel, tendrement humain dans le monstrueux, et toujours exhaussé par l’érudition du symboliste et l’exigence de l’artiste: une excellence technique qui ne se prend jamais au sérieux.

Mais je me tais car Julien nous a fait la grâce de développements passionnants que je vous invite à découvrir :

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(s’il est besoin de le préciser : toutes les œuvres présentées dans cet article sont celles de Julien Mindel)

Le Mouchoir de Frieda pour inaugurer les jours de Freyja est une évidence esthétique mais aussi sonore, commençons donc par là : quel est le secret de ce mouchoir, et pourquoi l’avoir pris pour étendard ?

Tout d’abord, merci de me traiter « d’évidence esthétique », c’est probablement l’un des plus beaux compliments que j’aie jamais reçus. Ensuite, pour être honnête, ce nom est venu après une réflexion plutôt courte. J’étais encore étudiant aux Beaux-Arts et je cherchais un titre pour mon blog que je venais de créer. À l’époque, c’était très à la mode de donner à son blog un nom mystérieux, vaguement poétique, quelque chose qui donnait l’impression d’avoir affaire à quelqu’un qui avait réfléchi. Un nom de blog ne devait pas être accessible au premier pékin venu. La dernière des fautes de goût, c’était de donner à son blog son propre nom. Il fallait un titre comme « rêveries et créations », « le cabinet des encres », « les oiseaux de papier », une connerie du genre1. [note de la rédaction : huhu, ici aussi, on assume son kitsch précieux dans l’intitulé ^ ^]
Je ne pouvais pas déroger à la règle, alors j’ai pensé au livre qui m’obsédait à ce moment – et sur lequel je fais toujours une fixette plus ou moins saine -, Le Maître et Marguerite, de Boulgakov. Il y a cette scène, au bal du Diable, avec une damnée nommée Frieda et son mouchoir maudit, qui est pour moi la clé de compréhension d’une bonne partie du livre, discrète mais essentielle. Je trouvais que « Le Mouchoir de Frieda » sonnait bien, en adéquation avec les contraintes esthétiques que j’ai évoquées plus haut, alors je l’ai choisi. J’aurais pu en changer depuis, surtout que je trouve que cette mode des noms à la poésie éthérée était parfaitement ringarde, mais j’ai fini par bien aimer le mien. C’est presque devenu mon pseudo malgré moi, quand des gens me disent : « C’est toi, le Mouchoir de Frieda ? » je ne réponds plus : « non, c’est le nom de mon blog », j’acquiesce. De fait, c’est devenu moi. C’est la part de kitsch que je tolère, voire cultive, chez moi.

La gravure s’est faite rare dans l’illustration, qu’est-ce qui t’a porté vers cette technique ? Le choix de la gravure ou du dessin est-il lié au sujet à illustrer ?

Ça fait deux questions, il va falloir que je réponde en deux fois.
Est-ce que le choix de la gravure ou du dessin est lié au sujet à illustrer ? Oui et non. En fait, c’est souvent l’inverse : quand on grave sur du bois, il faut respecter le fil du bois. On ne peut pas graver contre lui, on risque de casser la fibre et de bousiller toute une planche en un coup de burin. J’ai fait ça une ou deux fois à mes débuts, et puis après quelques crises de nerfs j’ai compris la leçon. Il faut adapter le dessin au sens de la fibre pour ne pas devoir mettre de coup de burin contre elle, c’est donc plutôt le choix du dessin qui est lié au choix de la gravure. Il faut penser le tracé en fonction de la fibre. En revanche, tout ceci n’est vrai que pour la gravure sur bois de fil. Quand on grave sur du lino ou sur du bois de bout, on s’en fout, il n’y a pas de sens de la fibre.
Une autre chose à prendre en compte, c’est la différence de résultat inhérente aux différentes pratiques. La gravure offre une qualité d’aplats, une expressivité dans les contrastes et la rudesse du trait que le dessin à la main ne peut pas reproduire, mais le dessin à la main permet des libertés, une finesse de trait, une maîtrise des détails que l’estampe ne peut que difficilement imiter. Si on pense une image pour la gravure, il y a de fortes chances qu’elle rende moins bien en dessin et inversement. En fait, je ne fais jamais le choix d’une image séparément de son médium : lorsque je pense l’image, le choix du support est déjà fait. C’est inclus dans les caractéristiques de l’image au même titre que sa taille, son format ou même son sujet.

En ce qui concerne la pratique de la gravure elle-même, je n’ai pas fait de choix réfléchi. Elle s’est développée progressivement, en marge de ma pratique du dessin. J’ai découvert la linogravure aux Beaux-Arts. Les Beaux-Arts, c’est très chouette quand on veut apprendre des techniques et la gravure en fait partie. En revanche, en tant qu’institution, les Beaux-Arts ont toujours été porteurs d’un académisme parfois très étouffant et c’est se mettre le doigt dans l’œil que de croire que ça n’est plus le cas aujourd’hui. À l’époque où j’y étais, le dogme en vogue voulait que pour être pertinent, un dessin devait être tordu, griffonné, ou au moins sans rapport direct avec ce qu’il était censé dire. Un dessin trop bien fait, trop « beau », était immédiatement soupçonné de vacuité, on l’accusait de se montrer trop évident, pas assez intelligent. Cette idée a toujours cours actuellement, d’ailleurs : on fait mine de détruire les normes alors qu’on ne fait que les déplacer. Il y a même un nom pour ça, le bad drawing : prenez une définition en français, dessin moche, vous avez une constatation factuelle. Traduisez-la en anglais, bad drawing, vous avez un concept qui cartonne. Cela fait des années que les Beaux-Arts perpétuent cette rébellion de confort : la conformité à une doxa dominante, la prévisibilité, la continuation d’une tradition, l’absence de contenu réel, en clair la définition de l’académisme.
Pendant mes études là-bas, donc, j’ai été confronté à tout cela et ça m’a profondément emmerdé. Je n’étais pas le seul d’ailleurs, et heureusement, c’est parce qu’il y a encore des gens comme moi que cette doxa emmerde que les Beaux-Arts continuent à produire de belles choses, mais il faut les chercher. Au milieu de tout ça, la linogravure m’a permis de trouver une esthétique qui me plaisait tout en satisfaisant les envies d’originalité de mes professeurs : je ne produisais plus de « beaux » dessins, mais je ne cédais pas non plus à la facilité du dessin moche.
De la gravure sur lino, je suis passé à la gravure sur bois, plus exigeante, et maintenant j’alterne les deux comme j’en ai envie. J’aime la sensation de creuser la matière pour en dégager l’image, la lutte contre la plaque, les gros morceaux qui se décrochent. Le moment d’encrer et d’imprimer est toujours fascinant, on a l’impression que l’image naît en quelques secondes alors qu’on travaille dessus parfois depuis des semaines. On ne voit pas naître l’image progressivement sur la feuille comme lorsqu’on dessine. Tout ça me plaît, il faut de l’acharnement et de la délicatesse en même temps, c’est relaxant. J’ai vraiment le sentiment d’être un fabricant d’images. Beaucoup d’illustrateurs sont revenus à la gravure ces dernières années d’ailleurs, ça n’est plus réellement marginal mais tant mieux, ça prouve que les gens commencent à se lasser de la doxa que j’ai évoquée tout à l’heure, que l’on revient à de réelles considérations esthétiques sans feindre de croire que cela nuit automatiquement au propos.

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Le monstrueux, souvent mythologique ou folklorique, occupe une grande place dans tes œuvres : quelles créatures t’inspirent le plus ? Quelles traditions symbolico-mythologiques ?

Le monstrueux en général est une source intarissable de sujets de dessin. Historiquement, la gravure, en tant que premier moyen de reproduction et de diffusion d’image à relativement grande échelle, a très tôt été utilisée pour représenter des monstres. Déjà au XVIe siècle, on distribuait des gazettes qui racontaient comment on avait aperçu, voire même capturé une chimère quelque part dans le monde, évidemment toujours assez loin pour que personne n’aille vérifier, et ces gazettes étaient invariablement accompagnées d’images gravées représentant le monstre en question. C’était là leur intérêt principal, la raison pour laquelle les gens les achetaient. À une époque où l’image était quelque chose de rare et précieux, ces gazettes illustrées avaient une sorte d’autorité de fait : si on a pris la peine de les imprimer, si la gazette le dit, c’est que ce doit être vrai. J’aime ce rapport à l’image, son pouvoir de créer une vérité en la représentant.
Une autre source source d’inspiration, qui rejoint d’ailleurs la première, me vient de l’imagerie des cartes à jouer. Les cartes à jouer sont souvent illustrées de gravures, et les différents jeux de tarots, par exemple, présentent tous des figures monstrueuses très intéressantes. En règle générale, dès qu’il s’agit d’image de monstre gravée, je suis preneur. Ça inclut aussi bon nombre d’ukiyo-e japonais, des planches médiévales issues d’ouvrages religieux, des traités de démonologie et j’en passe.
Je ne suis d’ailleurs pas sûr d’avoir une ou plusieurs créatures préférées. J’aime celles qui peuplent les histoires que j’entendais étant petit, souvent des contes russes ou yiddish, mais je n’ai pas de préférence. J’aime quand elles sont grotesques, c’est tout. Et si on leur voit les parties intimes, c’est encore mieux.

Et, pour un cocktail parfait, au monstrueux se joint l’érotique. Même motif, même punition : quels univers érotiques, quelles esthétiques érotiques te sont le plus agréables à explorer ?

Même réponse que pour la question précédente, ou presque. Avec les représentations monstrueuses, l’imagerie érotique est l’autre grand sujet dont la gravure s’est emparée très tôt. D’abord parce que l’imagerie érotique et l’imagerie monstrueuse s’accordent très bien, comme on l’a soudain redécouvert au XIXe siècle alors que c’était évident pour tout le monde depuis l’Antiquité, mais surtout parce que, là encore, la gravure a longtemps permis une diffusion rapide, à grande échelle, d’images licencieuses et pornographiques. Le procédé n’étant ni coûteux ni très compliqué, les diffuseurs pouvaient en plus monter leur petit atelier à peu près n’importe où et conserver une relative confidentialité sur la nature de leur activité, souvent illégale ou au moins très mal vue. La gravure a été, bien avant l’imprimerie et la photographie, le premier moyen de diffusion d’images pornographiques. De la même manière que je m’inscris dans la tradition des gazettes monstrueuses alors que celles-ci ont disparu depuis longtemps, je prétends m’inscrire dans cette tradition pornographique, à une époque où celle-ci est rendue parfaitement obsolète par internet, la presse, les DVD et le monde moderne en général.

Les esthétiques érotiques qui me plaisent le plus, de toute évidence, sont celles qui m’excitent le plus. On a beau enrober l’art érotique de beaux discours, prétendre qu’il se différencie de la pornographie en ceci qu’il n’a pas qu’un but masturbatoire – ce qui est vrai jusqu’à un certain point, d’ailleurs -, l’art érotique reste en grande partie fait pour se rincer l’œil. Bien sûr, ça n’empêche pas de pouvoir exprimer autre chose, mais la première réponse est là : je dessine ce qui me plaît réellement. Ensuite, il y a des sujets qui me sont chers et que je peux explorer à travers le prisme de l’érotisme. Par exemple, je m’intéresse beaucoup aux costumes, à leurs motifs, à la façon dont le corps bouge en eux et avec eux. Certaines estampes érotiques japonaises exploitent à merveille les kimonos, les robes, les tissus, pour entourer les corps des personnages et souligner l’acte sexuel de très belle façon, et c’est un sujet que j’ai moi-même exploré plusieurs fois. La représentation du vêtement sur des corps entrelacés est aussi intéressante qu’elle est difficile et les résultats sont souvent superbes.
Mon intérêt pour les monstres prend aussi une tournure différente lorsqu’on l’aborde avec un angle érotique. Tenter de représenter l’intimité, la jouissance, la nudité de corps qui n’ont parfois rien d’humain revient à s’interroger sur ce qui est réellement érotique, donc excitant, dans l’acte sexuel. C’est une question à laquelle je n’ai toujours pas répondu, je continuerai donc probablement à dessiner des cochoncetés pendant un bon bout de temps.

Quelle idée de la perfection ou de l’harmonie poursuis-tu, quel but esthétique ?

La perfection, c’est bon pour les dictateurs et les designers. Quant à l’harmonie, je ne sais pas bien ce que ça veut dire. Les notions de pureté, de perfection ne m’intéressent pas parce qu’elles sont, à mon sens, des notions de mort. La perfection est par définition immuable, immobile, donc morte.
Les buts esthétiques, c’est déjà plus intéressant. Ils sont d’abord ceux que je me fixe. Si une image me plaît, alors j’ose croire qu’elle plaira autour de moi. Il est très difficile de définir pourquoi une image plaît ou non, au-delà de certains critères de qualité objectifs. Le plus dur est de savoir s’arrêter, de pouvoir décider qu’une image est terminée telle qu’elle est, qu’on ne la touchera plus et qu’on devra s’en satisfaire ainsi ou, à défaut, en recommencer une autre. Si je réussis à me dire que j’ai terminé une image et qu’elle est bien comme ça, j’ai atteint mon but. C’est un but renouvelé à chaque nouvelle image. Je ne pense pas poursuivre un projet esthétique global, c’est beaucoup trop abstrait pour m’intéresser. Je fabrique des images dont chacune a sa propre raison d’être, je laisse aux critiques d’art du futur le soin de trouver un fil conducteur à mon œuvre après ma mort.

Quel serait ton projet rêvé ?

Avoir mon propre atelier avec un espace d’exposition et de vente. Travailler dedans tous les jours, ouvrir uniquement quand je le souhaite et le reste du temps, vendre par internet pour éviter de voir des gens quand je n’en ai pas envie. Et organiser de grosses expositions de temps en temps, avec de la bière.

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QUESTIONNAIRE :

Quelle est votre lumière préférée ?
Celle qu’on trouve dans le Sud, en Provence, au début de l’été. Pardon pour le cliché, mais la Méditerranée en été, c’est le paradis sur Terre. Sinon, d’un point de vue plus pratique, la gravure permet de faire de très beaux clairs-obscurs, des contrastes tranchés, c’est fort chouette. J’aime les beaux aplats de noir sur une image. Mais ça ne vaut pas le Sud.
Quelle est votre forme préférée ?
Voilà une question que je ne me suis jamais posée. La figure humaine, je suppose. Plus exactement la figure vivante, humaine, animale ou monstrueuse. Je ne produit que très peu d’images sans aucune présence vivante. En fait, même un squelette, ça compte : un crâne, c’est quand même un visage.
Quelle est votre nuance, teinte ou vibration préférée ? 
C’est rigolo de demander ça à quelqu’un dont la quasi totalité de la production est en noir et blanc. J’en sais rien.
Quelle est votre texture préférée ?
J’aime bien la texture de l’encre sur une estampe, lorsqu’on y voit le fil du bois ou le grain du lino qui a servi de matrice. On va croire que je fais une fixette, mais certaines estampes japonaises en sont un parfait exemple : on devine la texture du bois dans les aplats de couleurs, qui sont en plus légèrement transparents, de sorte que l’on voit les couches d’encre superposées les unes à travers les autres. Ce n’est pas évident à décrire, mais allez donc voir les gravures de Kuniyoshi, par exemple, et vous comprendrez très bien.
Qui, vivant ou mort, réel ou non, aimeriez-vous avoir comme modèle, devant votre carnet, toile ou objectif ?
Gotlib. Ça paraît peut-être étrange, de la part de quelqu’un qui ne fait jamais de BD, mais ça va faire bientôt un an que Gotlib est mort et je ne m’en suis toujours pas remis. Je l’ai rencontré plusieurs fois, c’était un homme d’une bonté et d’une sagesse infinies. C’est à travers lui que j’ai appris l’envie de dessiner, l’envie de raconter des histoires, l’envie de faire ce que je fais aujourd’hui, même si ça n’est pas de la BD et que son influence n’est pas facilement visible lorsqu’on regarde mon travail. Il s’est caricaturé tellement de fois, et a été tellement caricaturé par d’autres, j’aurais aimé pouvoir faire pareil. Et rien que pour pouvoir le revoir encore une fois, ça vaudrait le coup.
Quelle scène aimeriez-vous vivre ?
Alors là… Franchement, je ne sais pas. Ça revient à me demander quel serait mon souhait le plus cher, ce que j’aimerais qu’il m’arrive. Tellement de choses ! J’utilise mon joker. Je décrète que j’ai un joker et je l’utilise. Voilà.
Quel monde imaginaire aimeriez-vous parcourir ?
La ville de Paris sans touristes, sans parisiens branchouilles, sans crottes de chiens, sans emmerdeurs, sans voitures et sans pluie, avec un grand soleil et plusieurs degrés de plus.
Nommez trois artistes que vous voudriez faire (re)découvrir.
Félix Vallotton, dont on ne parle pas assez. Et quand on en parle, on évoque ses peintures et beaucoup moins ses gravures, ce qui est très dommage.
Felix Nussbaum, que l’on a redécouvert dans les années 1970 et dont tout le monde ou presque ignore encore l’existence, parce qu’il est à mon sens l’un des plus grands peintres du XXe siècle. Il serait beaucoup trop long d’en parler ici mais j’invite le monde entier à se renseigner sur lui. Et le premier qui me dit qu’il était « avant-gardiste » prend ma main dans la gueule.
Léon Bakst, qui aurait pu faire l’effort de s’appeler Félix Bakst pour le bien de cette liste mais que l’on pardonne parce qu’il a été le maître de Marc Chagall et de Jean Reschofsky, parce qu’il a créé des costumes splendides pour les Ballets russes, parce que sa maîtrise des couleurs tient du divin, parce que je veux tapisser chaque mur de mon appartement avec l’entièreté de ses dessins et pour mille autres raisons encore.
Décrivez votre muse.
Je ne crois pas vraiment à l’inspiration en règle générale. Évidemment, je suis influencé par tout un tas de choses, on en a déjà parlé plus haut, mais je vois ça comme un mélange d’idées piochées un peu partout, de culture intégrée et qui ressort sans que j’y pense et d’influences que j’essaye parfois consciemment de reproduire. L’inspiration, comme ça, en tant que concept, je pense que ça n’existe pas. C’est du travail. Il faut s’asseoir devant sa table, réfléchir, essayer, faire des croquis, et on finit par dégager une idée, qui finira, encore à force de travail, par devenir une image achevée. Ou peut-être pas d’ailleurs, les idées pourries abandonnées en cours de route sont bien plus nombreuses qu’on ne voudra jamais se l’admettre, mais dans tous les cas ça n’est que du travail. L’inspiration qui tombe du ciel, c’est un mythe. Alors ma muse, je ne sais pas quelle tête elle a mais elle ne m’aide pas beaucoup, parce que j’ai souvent l’impression de me taper tout le boulot tout seul.

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1Tous ces noms ont été inventés par moi, dans le style de ce qui se faisait à l’époque en termes de noms de blog. Toute ressemblance avec des blogs ou des publications existantes ne serait que purement fortuite, ça prouverait simplement que cette mode n’est pas encore tout à fait passée.

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