Le privilège féminin.

La radio d’État nous apprend ce matin qu’une femme politique fortement médiatisée, Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire en série et parleuse professionnelle à prétention municipale, puis présidentielle, bref, à fortes prétentions, est toujours hospitalisée après avoir fait un malaise lorsque qu’un homme lui a jeté à la figure les tracts qu’elle distribuait sur une jolie place du 5ème arrondissement de Paris.
Une nuit à l’hôpital… pour un malaise… pour s’être pris des tracts et des mots violents dans la figure…
Cela devrait faire honte à tout être humain droit sur ses jambes. Mais non, on nous réclame de la pitié envers cette évaporée fragile qui se prétend femme politique. Madame aura « besoin de quelques jours pour se remettre ». Madame fait étalage de sa fragilité et il semble qu’il faille être un peu facho sur les bords pour oser s’en moquer.
En effet, ça n’est pas tellement le rire qui devrait dominer, mais le dégoût et le mépris le plus total.

Si on veut parader dans les marchés et caqueter dans les média, on fait Miss France, blogueuse tendance, ou chroniqueuse au Figaro Madame, pas de la politique. La politique, comme l’armée, est un des temples de Polemos, un milieu agonistique entre tous, bref, un bon gros ring. Si on n’a pas la force de combattre, a fortiori de rester debout face à l’agressivité, on reste dans son salon, on protège les arts et on prend le thé avec grâce. Que toutes les fonctions soient ouvertes à toutes les personnes, oui, trois fois oui. Que l’on baisse l’exigence, que l’on change les attentes, que l’on assouplisse les critères (je pense ici à l’armée) pour pouvoir remplir les quotas de diversité sexuelle, voilà la pire insulte possible à l’honneur des femmes.

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La polémarque.

 

Le sexisme tue, c’est un fait : il tue des femmes, chaque jour, que ce soit par la violence domestique, par les lois impies comme la charia, par les viols suivis (ou précédés) de meurtres. Il tue des hommes par la logique qui les envoie en majorité au combat, dans les mines, dans toutes les activités où la mort fait partie du métier.
Et l’on pourra noter ici une première hypocrisie dans la politique paritaire : personne ne songe à réclamer la parité dans les mines, les aciéries ou la voirie. Je ne connais qu’un exemple dans ce sens (qui témoigne en effet d’un sexisme inacceptable) : une amie qui avait la formation ET la force physique idoines pour travailler dans les chemins de fer, et s’est vu refuser le poste sous prétexte que « c’est plutôt un métier d’homme ». Ce non-paritarisme là est passé très largement sous silence. L’égalité, oui, mais au pouvoir, pas à la peine.
La mortalité féminine, le gynocide, comme les écarts de traitement matériels, sont visibles, fortement dénoncés, depuis longtemps, et, grâce au combat féministe des années 1980 et 1990 touchent de moins en moins (mais toujours beaucoup trop) les pays du Nord, occidentaux. Allons-nous vers un apaisement ? Une égalité des possibilités sociales ?
Notre copine Nathalie, entre deux tartines d’avocat au sésame, n’a pas dit son dernier mot. Les années 2010 ont vu apparaître les oppressions « invisibles », que l’on sera priés de mettre au même rang que les premières : sexisme « intériorisé » (Je n’aime pas les corps velus. Diable ! C’est que je subis inconsciemment l’emprise du patriarcat !), la grossophobie, le « regard masculin » (celui là même qui fait qu’une héroïne de jeux vidéo avec deux haches et une grosse épée, qui passe son temps à massacrer des hommes par centaines, est une horrible icône sexiste en raison de son bikini et son corps parfait…) et, dernière tendance, la « charge mentale ».

Face à cela, dès qu’un homme voudrait dire qu’eux non plus n’ont pas une vie exactement idéale, les ados (ou adulescentes, parce que c’est très chic de rester immature jusqu’à la quarantaine) parlent de « larmes masculines », ne supportant pas de voir un mâle rivaliser avec leur propres jérémiades.
Évidemment #NotAllFeminists : certaines luttent réellement contre un système qui nuit autant aux deux sexes, mais la plupart du temps le discours sur ce que subissent les hommes n’est audible que s’il est tenu par une femme.
Mais elles ont raison, les féministes 3.0, de se moquer des « larmes masculines », quel beau traditionalisme ! Un homme, ça doit pas pleurer, ça doit la fermer et endurer. Un homme qui se plaint, c’est rien qu’une grosse tarlouze… Bravo mesdames, vous portez haut les valeurs virilistes : les larmes sont un privilège féminin, tout comme la faiblesse en général.

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L’heure des grands combats.

Que la brutalité masculine soit acceptée, et même encouragée, vous est insupportable. « Boys will be boys » dit-on, ou « Haha, quel sacré petit bonhomme, déjà en colère ! ». Mais quand vous pleurez, quand vous n’en pouvez-plus, quand vous êtes fatiguées, on vous console, on vous dorlote, on ne néglige pas vos larmes, on ne se moque pas de vous parce que vous osez les exprimer. Ou alors beaucoup moins. Si vous abandonnez en cours de route, si vous lâchez votre mission, on le déplorera, mais on vous consolera aussi, avec un torrent de mots et de gestes tendres comme savent si bien le faire les femmes entre elles.
Un homme, si ça échoue, ça entache sa fierté, ça souille son honneur, et ça n’aura pas d’accolade virile pour chialer ou s’entre-papouiller. Alors question charge mentale, je pense qu’on peut laisser le sujet de côté.
Vous avez intériorisé un devoir de vous occuper des gamins et de la maison ? Quid du devoir d’assurer et de la fermer, de ne rien laisser paraître, d’être une tombe, de prendre sur soi, d’assumer : s’assumer soi-même, assumer son clan et, mais de moins en moins, assumer ses fidélités territoriales, de la ville à l’Europe, en passant par la patrie.

Si l’on parle parfois de « larmes viriles » c’est qu’elles sont rares, de même que l’on parle d’héroïnes guerrières ou de la « juste colère » de certaines femmes. Dans le modèle mis en cause, les hommes assument de la croisade à la jacquerie, jusqu’à la porte du foyer, et les femmes assument l’intérieur dudit foyer (et, ce serait honteux de le passer sous silence, subissent les viols qui accompagnent toutes ces violences territoriales). C’est toujours moche de se retrouver dans la minorité qui serait bien plus efficace et heureuse de l’autre côté de la porte du foyer, certes, mais à des époques où chaque génération subissait au moins une guerre, le privilège de la sécurité n’a rien à envier au privilège du pouvoir. Les femmes peuvent se plaindre, et le font, et pleurent, et se lamentent, et peuvent échouer (ça n’est pas SI grave, elles ont fait ce qu’elles pouvaient) et ça, c’est un privilège que les hommes n’ont pas.

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Décoration intérieure et potiche de luxe.

Alors si j’ai bien compris, la grande idée du féminisme, c’est que les personnes puissent s’extraire de ces rôles sociaux. Mais alors une peu de cohérence : vous voulez abolir les privilèges masculins ? Examinez les vôtres ! Oui le modèle vous cantonne dans des rôles domestiques qui ne vous plaisent pas, c’est le prix de la protection. C’est un exosquelette qui vous donne le droit d’être des larves chouineuses. Si vous voulez en sortir, il faudra renforcer votre échine, et ravaler vos larmes.
Les postes tenus traditionnellement par les hommes requièrent des qualités viriles. Qualités partagées par certaines femmes (ce que toute la tradition, depuis les médecines antique et médiévale, atteste : virilité et féminité sont des pôles, qui définissent des majorités de tendance, et des minorités. La plupart des hommes est plus virile que la plupart des femmes, certains hommes ne le sont pas, certaines femmes le sont, idem pour la féminité). Une personne, femme ou homme, dépourvue de ces qualités, n’a strictement rien à faire à ces postes à part y répandre l’incompétence.

combattante-kataebSi t’as pas d’ovaires, rentre chez ta mère !

2 commentaires

  1. Bonjour.

    Je découvre blog avec beaucoup de plaisir, et je trouve vos textes pertinents et agréables à lire.
    Je vous encourage à continuer !

    Permettez que je vous signale quelques coquilles :
    « qui passe son temps à massacrer des hommes pas [par] centaines »
    « n’ont pas une vie exactement idéale[,] les ados »
    « heureuse de l’autre côté de [la] porte du foyer »

    Cordialement.

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    • Merci beaucoup pour cette appréciation et ces remarques. Merci aussi à Isabelle pour le précédent article.
      J’ai en effet le plus grand mal à me relire (j’ai tendance à la faire dans une grande diagonale paresseuse, pressée de passer à autre chose), d’où l’abondance de coquilles en tous genres.

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